La saga X-Men s'est imposé en deux films, les bases avaient été posées de main de maître par Bryan Singer et promettaient de devenir une franchise mêlant réussite artistique et critique. Seulement voilà, la Fox n'a pas voulu attendre que Singer en finisse avec son Superman Returns (un rêve de gosse) pour mettre en chantier le troisième volet et a engagé le tâcheron Brett Ratner (après que Matthew Vaughn n'ait auparavant jeté l'éponge pour différents artistiques avec le studio) responsable de la débâcle X-Men 3, véritable gâchis artistique que les fans n'ont toujours pas pardonné. Avec X-Men: Le Commencement, Singer revient à ses premiers amours mutants au poste de producteur et a engagé Matthew Vaughn (sortant du succès de Kick-Ass) pour remettre les points sur les i. Dans cette prequel dont l'intrigue se déroule à la veille de la Guerre Froide, on assiste à la genèse de l'aventure X-Men qui trouve ses racines dans celles du Professeur X et Magneto.
Le réalisateur de Kick-Ass s'est totalement approprié l'univers de la franchise: il reprend les codes établis par Singer (le film commence avec la même scène que X-Men, Erik découvrant son pouvoir dans un camp de concentration) tout en y insufflant sa mise en scène énergique et un esthétisme léché. Mais l'une des grands forces de ce film réside indéniablement dans la qualité de son casting, à commencer par les jeunes frères ennemis: Xavier et Erik, respectivement interprétés par les très convaincants James McAvoy et Michael Fassbender. Le premier incarne le télépathe dans une version plus séducteur que ce que le personnage ne deviendra sous les traits de Patrick Steward, tandis que le second est au summum de son charisme magnétique et campe un mutant assoiffé de vengeance avec la force et la justesse requis pour le rôle. La relation entres les deux hommes s'établit de manière subtile et son évolution est admirablement bien menée.
La première partie qui le montre parcourant le monde traquant le nazi qui a tué sa mère rappelle les grands films d'espionnage des années 60 que n'aurait pas renié 007. L'interprétation très « Basterd » de Fassbender est jouissive (cf: la scène dans la taverne en Argentine). Le reste de la distribution n'a pas à pâlir non plus, à commencer par Kevin Bacon, que l'on retrouve avec un immense plaisir sur le grand écran, qui incarne le bad guy du film avec un flegme glaçant. Jennifer Lawrence (Winter's Bone) offre son jeu délicat et juste à une jeune Mystique tandis que January Jones (Mad Men) est la mutante fatale de cet opus. Une brochette de comédiens jeunes et talentueux tels que Nicholas Hoult, complète la distribution dans laquelle on note une alchimie tout à fait remarquable. Les personnages ne sont pas ici que des prétextes à exhiber leurs pouvoirs, au contraire, le script accorde à la majorité un moment pour présenter leur histoire ou leurs motivations.
Comme dans les films de Singer, la mutation est propice aux parallèles avec des thématiques de société: l'acceptation de soi, le droit à la différence... Des thèmes traités avec justesse, sans trop de pathos mais avec juste ce qu'il faut pour que l'on s'attache aux protagonistes. Cela ne veut pas dire que les scènes d'action sont négligées, bien au contraire. L'entraînement des jeunes mutants (dans une séquence ingénieusement montée et usant du split-scren), les rages de Magneto, la scène de bravoure finale où un sous-marin est soulevé dans les airs... autant de moments marquants qui bénéficient du talent de Vaughn pour mettre en scène l'action et d'effets visuels parfaitement incrustés. On savoure également l'habileté du scénario à relier l'intrigue du film à la saga d'origine et les multiples clins d'œil dont deux délicieux caméos à faire hurler les fans de plaisir.
Au final, nous assistons à un nouveau départ pour la franchise, pas totalement un reboot et pas totalement une prequel, qui s'avère être le meilleur épisode de la saga (pas très loin devant X2). L'esthétisme élégant des sixties, le casting impeccable, les scènes d'action enlevées, une réalisation léchée: les ingrédients du parfait blockbuster sont réunis alors ne manquez pas votre rendez-vous avec X-Men: Le Commencement.
Sortie en Salles: 01.06.2011