10 septembre 2009
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District 9, qui sort sur les écrans français cette semaine, a été précédé d’une campagne de marketing virale qui a commencé au Comic-Con de 2008. Dans le hall de San Diego, des affiches mystérieuse interdisant l’accès aux « non-humains » avec un pictogramme d’alien dessus, étaient présentées un peu partout. Quelques semaines plus tard, internet a pris le relais avec un site internet censé être celui de l’organisation MNU qui dans le film, protége les humains en cloîtrant les aliens dans un ghetto en Afrique du Sud. Abreuvé de faux articles de presse et de reportages, le site a éveillé la curiosité des geeks qui ont fait du film l’un des succès surprises de l’été aux box-office américain. Le marketing viral n’est pas un phénomène nouveau mais on le voit, peut rapporter gros si il est bien réalisé. Pour retrouver les précurseurs de cette nouvelle façon de faire parler d’un film, il faut remonter à l’année 1999 et au désormais célèbre Projet Blair Witch. Les deux réalisateurs de ce docu-fiction d’horreur dans les bois bénéficiaient d’un budget dérisoire pour promouvoir leur bébé. Mais cela ne les a pas arrêtés pour autant et ont habilement mélanger fiction et réalité via un site internet qui répertoriait des faux documents d’archive laissant croire que les évènements du film étaient bien réels. Et le buzz a fonctionné au delà des espérances : avec 250 millions de dollars de recette à travers le monde pour un budget de 60.000 dollars, le film a fait plus que rentrer dans ses frais.
Par la suite, les studios ont vite compris l’intérêt d’un tel procédé, et avec l’avènement de l’internet, ils allaient rivaliser d’originalité pour créer le buzz. En 2006, Sony lance l’adaptation cinématographique du Da Vinci Code en grandes pompes. Pour rester dans le thème de la chasse au trésor et des énigmes, le studio s’associe à Google pour lancer « The Da Vinci Code Google Quest ». Les internautes étaient invités à prendre part à une immense chasse au trésor en ligne pour remporter des lots. Une campagne ternie par les accusations de fraudes et de tricheries de la part de joueurs malhonnêtes. Deux ans plus tard, J.J Abrams dévoile une affiche présentant la Statue de la Liberté décapitée avec en fond la ville de New York sous les flammes, sans aucun titre ni mention dessus à part une date (qui s’avérera être la date de sortie du film catastrophe). Plus tard, le titre est ajouté à l’affiche, Cloverfield, et la campagne virale s’intensifie avec la mise en ligne de plusieurs sites web, dont celui d’une marque de boissons Slusho pour qui le héros du film est censé travailler. Des photos sont également diffusés, montrant des cadavres de baleines mutilés sur une plage ou des images sonar du monstre se dirigeant vers la Grosse Pomme. Une campagne jusqu’alors sans précédent qui a largement contribué au succès du film lors de sa sortie.
Mais la plus impressionnante campagne restera sans doute pour le moment celle qui a entouré la sortie de The Dark Knight. Tout a commencé par le site www.ibelieveinharveydent.com qui présentait une affiche électorale en faveur du personnage incarné par Aaron Eckheart dans le film. La même affiche sera plus tard piratée par le Joker lui-même sur un autre site sur la toile. Les internautes s’inscrivant sur cet autre site avaient eu le privilège de découvrir une photo du look de Joker version Heath Ledger avant tout le monde. Par la suite, le Joker a invité les fans à envoyer une photo d’eux costumés en clowns afin de constituer l’armée du Joker, ces derniers auront été récompensés par le trailer du film et une copie du journal fictif The Gotham Times, dont les colonnes regorgeaient d’infos sur le synopsis. Une mise en place hallucinante crée par l’agence 42Entertainment et qui a tenu en haleine des millions d’internautes, qui ont réservés à The Dark Knight un accueil triomphal au cinéma (plus d’un milliards de dollars de recette à travers le globe). Pas étonnant que la Warner ait voulu continuer dans ce sens avec les Watchmen cette année, avec une recette semblable. Avec comme cerise sur le gâteau la possibilité pour les heureux internautes de voir leur vidéo, préalablement uploadée sur YouTube, incluse dans le film via un grand concours (sur le mur d’images d’Ozymandias). La mode du viral n’est pas prête de s’arrêter. Les créatifs sont déjà débordés à plancher sur la sortie de 2012, le prochain film apocalyptique de Roland Emmerich (http://www.instituteforhumancontinuity.org/) et Iron Man 2.