Après des années de vaches maigres (avec les bovidés du navet La Ferme se Rebelle), l’animation traditionnelle ressuscite de ses cendres grâce à l’impulsion de John Lasseter, bien décidé à remettre ce qui a rendu les studios Disney célèbres au goût du jour. Pour se faire, il a rappelé le duo de réalisateurs à qui l’on doit des classiques tels que La Petite Sirène et Aladdin et leur a confié les rênes de ce qui s’annonçait comme la renaissance du film d’animation traditionnel, La Princesse & la Grenouille. Et c’est une franche réussite, un moment de divertissement teinté de nostalgie et de magie estampillée Disney qui fait du bien. Reprenez tous les ingrédients qui ont fait le succès du panthéon animé de la maison et ajoutez-y un soupçon de modernité et d’humour à la Pixar et vous obtenez un classique instantané au charme indéniable. Le film peut se targuer de bénéficier d’une animation quasi irréprochable grâce au travail de l’élite des animateurs parmi lesquels Andreas Deja, Mark Henn et Eric Goldberg (à eux trois, ils ont du animé la moitié des personnages les plus mémorables de Disney : Le Génie, Jafar, Belle, Scar….).
Les personnages sont hauts en couleur et attachants, Tiana (doublée par Anika Noni Rose en V.O) fait une héroïne déterminée et forte tandis que Naveen est une déclination macho et drôle du prince charmant. Les seconds rôles sont tous très bien développés malgré le rythme effréné du film. Louis l’alligator qui rêvait de devenir joueur de jazz ou Ray la luciole à l’accent cajun irrésistible en sont des exemples parfaits. On dit qu’un film ne vaut que par son méchant, le Dr Facilier, charismatique à souhait avec ses incantations vaudous et sa voix grave que lui prête Keith David en V.O, en est un digne représentant. Libre adaptation d’un conte des Frères Grimm, La Princesse & la Grenouille se déroule dans la Nouvelle Orléans des années 20, propice à une bande originale très jazzy emmenée par le compositeur Randy Newman et les voix d’un casting vocal original impeccable. Si dans la forme, le film reprend des ingrédients connus, il ose tout de même un humour à double lecture à la Pixar et la mort audacieuse d’un personnage important. A la sortie de la salle, force est de constater que la magie opère toujours et l’envie de se visionner à nouveau les classiques de notre enfance comme La Belle & la Bête ou Aladdin, se réveille.